D

Éditeur: Acclaim
Développeur:  WARP
Année: 31 Mars 1996
Genre: Horror / Puzzle
Nombre de joueurs: 1
Même si D est pratiquement devenu une relique du passé qui montre clairement son âge, ceux qui s'intéressent aux jeux d'horreur devraient lui donner une chance.

D a été développé pour la 3DO en 1995 et a ensuite été porté sur Saturn, PlayStation, et PC. L'histoire de son développement est presque aussi intéressante que l'histoire du jeu lui-même. À l'époque où il est sorti, D renfermait des scènes assez violentes en plus d'aborder des sujets tabous comme le cannibalisme. Pour passer sous les censures, le créateur Kenji Eno a fourni une copie "propre" et démunie de violence pour approbation, pour ensuite soumettre une copie intégrale pour publication contenant toutes les scènes plus violentes. Même si le jeu n'a peut-être pas bien vieilli et peu paraitre désuet aux yeux de plusieurs, c'est une belle petite curiosité et une relique du passé intéressante.

 

Laura... Lauraaa... Laurraaaaa... LAURAAAAAA!!! You're so... so... ugly! Non mais c'est vrai, regardez-là, elle est épeurante!


L'histoire se déroule à Los Angeles. On incarne Laura Harris qui, suite à un appel de la police, se rend à l'hôpital où son père, le réputé docteur Richter Harris, a perdu la tête et assassiné plusieurs personnes avant de se barricader. Rendue sur place, à la vue des cadavres dans les couloirs de l'hôpital, Laura a des visions et se retrouve soudainement dans un château médiéval où son père, sous une forme paranormale, l'avertit de ne pas avancer plus loin. Mais même si elle voulait rebrousser chemin, la porte derrière elle est fermement barrée. Bien que ce ne soit jamais mentionné si Laura est muette ou non, elle ne prononce aucun mot durant la partie. À la place, on laisse le joueur vivre les émotions pour elle.

 

Dans D, on trouve des objets et on les utilise devant leurs endroits respectifs. Simple n'est-ce pas?

 

Même si c'est un jeu d'horreur, D a plus en commun avec des jeux comme Myst que les Resident Evil et compagnie, car il est pratiquement un film interactif. On se déplace avec une vue à la première personne dans des environnements 3D présentés sous forme de vidéos (FMV). Ça permettait d'offrir de superbes environnements autrement impossibles avec la technologie de l'époque pour créer un sentiment d'immersion encore plus atmosphérique. Cependant, ça vient aussi avec un prix; Laura se déplace à une vitesse de tortue. Nos déplacements sont aussi très limités, on a toujours l'impression d'être sur des rails, car on ne peut qu'emprunter des chemins tracés à l'avance. Néanmoins, le concept est intéressant et bien fait. Après un certain temps, on finit par s'habituer à la vitesse apathique et aux mouvements limités, et on oublie que les décors sont des FMV, et on explore les lieux presque comme si on y était.

 

Whooooooooo, you got the wrong person! I'm Laura not Lara!

 

Question que ça ne soit pas trop monotone, le jeu varie beaucoup ses plans de caméras qui passent parfois à la troisième personne, comme pour nous montrer Laura descendre un escalier ou utiliser un objet, ou encore, pour nous présenter une scène d'action. Non seulement ça nous donne une autre perspective de vue de l'endroit, mais ça ajoute aussi un effet cinématique, comme si on regardait un film. D'autres endroits sont bien conçus pour nous faire sentir comme si on était vraiment "physiquement" dans la place. Je pense à l'endroit où Laura est devant un miroir, et on peut la voir se tourner dans la direction qu'on a choisi, comme si on était vraiment à sa place et qu'on se voyait nous-mêmes dans ce miroir.
 

Même s'il y a plusieurs trappes dans le jeu, ce ne sont que des séquences vidéo, il est techniquement impossible de mourir dans D.

 

Le but du jeu consiste à retrouver le père de Laura avant l'aube (5 am), ce qui implique de se rendre à la fin du jeu dans un temps alloué de deux heures. Dans l'inventaire se trouve une petite horloge montrant le temps restant avant l'échéance. Il est impossible de sauvegarder sa partie ou la mettre sur pause, il faut terminer le jeu d'un coup. Mais rassurez-vous, ce n'est pas aussi laborieux que ça en a l'air. Le jeu est excessivement court et se termine en moins d'une heure. Juste le premier CD se termine en 15 minutes, ça vous donne une idée. On n'a qu'un nombre très limité de pièces à visiter et de puzzles à résoudre, et il est impossible de mourir, on peut seulement manquer de temps si on est trop branleux. Si le jeu s'étend sur trois disques, ce sont évidemment les FMV qui occupent toute la place.

 

Les puzzles sont vraiment simples, non pas que je m'en plaigne.

 

Pas de combats, pas de morts soudaines, la seule chose dans notre chemin ce sont des puzzles, et ceux-ci sont très simples. Bien souvent, ils ne consistent qu'à apporter un objet d'un point à l'autre, ou simplement de résoudre un petit jeu. Si un puzzle vous semble impossible, c'est que vous avez manqué un indice quelque part. Ou sinon, comme si vous en aviez absolument besoin, Laura possède un petit miroir qu'elle peut consulter un certain nombre de fois avant qu'il ne se brise pour avoir des indices. Plusieurs personnes terminent D dès leur première fois. Le jeu n'a pas recours à des essais-erreurs, des puzzles ridicules, ou des morts stupides pour allonger sa durée de vie, et c'est tant mieux.

 

Pour chaque scarabée que vous trouvez, Laura a un flashback troublant de son passé.

 

Le jeu possède quatre fins différentes dépendamment de vos choix et ce que vous avez fait. Une de ces quatre fins c'est de simplement manquer de temps et obtenir la mauvaise fin. On peut aussi trouver des scarabées dans les environnements, pour chaque scarabée trouvé, Laura a un flashback de son passé, ce qui ajoute un peu plus de substance à l'histoire et fera du sens avec la révélation finale. Malgré quatre fins différentes, le jeu reste le même, ce ne sont que des petits détails mineurs qui influenceront la fin que vous aurez.

 

I will no longer be the man you know.

 

Le plus gros problème de D c'est que le déroulement est passif au point où il est presque soporifique. C'est un peu comme si l'on prenait quelque chose de simple comme de ramasser une clée dans un tiroir pour ouvrir une porte dans la pièce voisine, et qu'on en faisait un événement en le passant au ralenti pour que ça dure plus longtemps. Je comprends que la lenteur est probablement là pour créer un effet d'immersion ou de sensation malsaine, mais quand on regarde le "grand portrait" de ce que D a à offrir, on ne peut s'empêcher de réaliser qu'on n'a traversé que quelques pièces pour arriver à la fin, et que le tout était très générique et scripté. Le jeu n'a pour ainsi dire rien de plus à offrir au niveau gameplay que de se déplacer d'un point à l'autre sur des chemins tracés en solutionnant des puzzles. Heureusement, l'histoire est pas mal et les musiques créent une bonne ambiance.

 

En fait, mon seul problème avec l'histoire, c'est qu'elle débute bien et se termine bien, mais ne se développe pratiquement pas durant le jeu. On se retrouve avec le père de Laura qui fait des apparitions pour l'avertir de ne pas aller plus loin en répétant constamment son nom, ce qui devient presque drôle à moment donné, même si la première fois c'était macabre. Aussi, compte tenu que le jeu est très visuel, j'aurais aimé plus de détails ou d'indices dans les environnements pour ajouter de la substance à l'histoire. Même si quelques trucs nous portent à réfléchir et à analyser, c'est trop peu. Mais sinon, l'histoire est satisfaisante avec quelque scènes brutales et grotesque, et je n'ai jamais vu venir la fin.

 

Honnêtement, combien de fois le chevalier vous a poussé dans le trou avant que vous compreniez comment faire la séquence de " quick time event" comme il faut? Sans blague, près de 10 fois pour moi!

 

J'était prêt à donner une meilleurs note à D, si ce n'était pas d'une séquence qui lui fait perdre beaucoup de points. Je parle ici de la fastidieuse «séquence de la manivelle». Je comprends que le but des puzzles est de nous faire perdre du temps, car le jeu est une course contre la montre, mais le bout de la manivelle était juste pénible. Grosso modo, on doit tourner une manivelle un certain nombre de fois pour faire apparaitre des portes derrière nous, mais ces portes n'apparaissent jamais aux mêmes intervalles. Parfois, il faut tourner la manivelle une fois, deux fois, ou trois fois... Et à chaque fois qu'on tourne, il faut se retourner (lentement) derrière pour regarder si la porte est là ou non. C'est une façon cheap et grossière d'allonger le jeu. Faites que les intervalles soient réguliers, ou donnez-nous un indice quand la porte sera derrière!

 

Ce bout-là à lui seul a fait perdre quelques points à mon appréciation de D. Non mais vraiment, ça ne pouvait pas être plus pénible?

 

Malgré ses défauts, j'ai apprécié D, c'est juste qu'une fois terminé, il nous laisse avec peu d'éléments pour nous donner envie d'y revenir souvent. Pour l'époque, les graphiques étaient impressionnants et le voice acting n'était vraiment pas mal non plus. Maintenant, il est pratiquement devenu une relique du passé qui montre définitivement son âge. Mais je crois que si vous vous intéressez à l'histoire des jeux d'horreur en général, terminer D au moins une fois est recommandable. Une autre bonne raison d'y jouer, c'est qu'il a une semi-suite nommée Enemy Zero sur Saturn et une suite directe nommée D2 sur Dreamcast. De toute façon, si vous pouvez passer par dessus la lenteur du gameplay, vous devriez venir à bout de le terminer rapidement et sans trop de problème.

Par: Bryan Lajoie (2 Juin 2012)
Par: Bryan Lajoie
6.7
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