Lorsque j'ai essayé
PowerSlave la première fois, je n'avais l'intention que
d'y jouer quelques minutes pour voir de quoi ça avait
l'air. Je m'attendais à un clone de Doom / Hexen mais
avec un thème égyptien, bref, rien de bien original. Il
faut avouer que la pochette, au titre inspiré d'un album
d'Iron Maiden, ne donne pas la meilleure des
impressions. En Europe, le jeu est connu sous le nom
Exhumed, ce qui sonne pas mal mieux à mon avis. Mais
bon, finalement, je me suis retrouvé à y jouer un peu
plus, et encore un peu plus, jusqu'au point où je ne
pouvais plus le lâcher! Quand je l'ai eu terminé, je
savais qu'il venait de prendre une place importante dans
la vision que j'avais des FPS. Ce n'était pas seulement
un bon jeu, mais une expérience.
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Le roi Ramses sera
votre guide durant cette aventure. Heureusement,
il a encore toute sa tête! |
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Développé par Lobotomy Software et sorti initialement
sur Sega Saturn et par la suite sur PC et PlayStation,
PowerSlave est un FPS se déroulant à l'ère de
l'ancienne Égypte où des extraterrestres (les Kilmaat),
se sont emparés de la ville de Karnak. Une armée de
soldats est envoyée à la rescousse et vous êtes l'un
d'eux. Mais votre hélicoptère s'écrase et vous vous
retrouvez seul, complètement seul, contre une armée de
monstres bizarres. Heureusement, vous aboutissez dans un
tombeau où vous faites la rencontre de l'esprit du roi
Ramses, dont la dépouille a été volée. Il vous demande
de retrouver son corps et sera en quelque sorte votre
guide dans cette aventure.
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Étant un fan de
Tomb Raider, j'ai tout de suite aimé le thème
égyptien de PowerSlave. |
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À la surface, PowerSlave
ressemble à un FPS bien ordinaire. Mais en progressant
un peu, on réalise que c'est plutôt un jeu d'action et
d'aventure se jouant comme un FPS. Il contient beaucoup
d'éléments de platforming et de très légers éléments
RPG. Il ne serait pas faux de dire que c'est un des
premiers FPS-Adventure avec Heretic / Hexen. Les
tableaux sont répartis sur une carte du monde à la Super
Mario World. Une fois un tableau complété, un chemin
vers un autre se débloque sur la carte. On peut revenir
dans n'importe quel tableau qu'on a complété pour
l'explorer à nouveau. Et c'est là où ça devient
intéressant...
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Ces sandales
sacrées vous permettront de sauter plus haut. Un
peu comme quand on était jeune, et qu'on croyait
que des souliers de course nous feraient courir
plus vite! |
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C'est en trouvant des
reliques qu'on gagne de nouveaux pouvoirs, comme celui
de sauter plus haut, nager sous l'eau, planer dans les
airs, et bien d'autres que je vous laisse découvrir, car
je crois que c'est l'aspect le plus intéressant et
satisfaisant de PowerSlave. Tout ce que je peux dire,
c'est que certains de ces pouvoirs changeront carrément
votre façon de jouer, et toujours pour le mieux. Grâce à
ces pouvoirs, on peut revisiter des tableaux pour
atteindre des endroits autrefois inatteignables.
Certains de ces endroits mènent vers de nouveaux
tableaux (chemins) sur la carte, ou vers des objets
importants comme les Ankh qui augmenteront votre énergie
vitale, ou les pièces d'un transmetteur qu'il faut
assembler afin d'appeler du secours à la fin de la
partie pour quitter l'endroit.
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La carte vous
indique combien de chemins différents chaque
tableau possède. Ici, les flèches grises
indiquent qu'il y a deux chemins que je n'ai pas
trouvés à Karnak. |
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Le level design est
excellent, et les tableaux sont juste de la bonne
grandeur pour offrir de l'exploration sans se perdre
constamment. Ils contiennent assez de détails et de
structures intéressantes pour qu'on se souvienne quel
endroit on voudra revisiter plus tard. Le jeu est aussi
clair avec le joueur et nous guide bien. Comme par
exemple, des flèches sur la carte du monde nous
indiquent le nombre de chemins possibles pour chaque
tableau, et un "beep" (effet sonore) nous indique dans
quels tableaux se trouvent les pièces du transmetteur.
Le roi Ramses nous donne aussi de bons indices à savoir
où aller pour notre prochaine destination. Ce n'est pas
que le jeu nous tienne par la main, mais il ne nous
laisse jamais perdus ou déroutés à travers son aventure.
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Une "femme" avec
des gros seins dans un temple en Égypte? Lara
enlève ce masque ridicule, on t'a reconnue! |
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Pour un FPS développé en
1996, PowerSlave est tout simplement impressionnant! Les
contrôles sont extrêmement fluides et précis. Je ressens
toujours un petit sentiment de vertige quand je dois
faire des sauts sur des petites plateformes élevées dans
les airs, mais je suis toujours étonné par la précision
des contrôles. Normalement, faire du platforming
complexe et précis dans un FPS, c'est toujours un peu
laborieux, mais pas dans PowerSlave. Le jeu nous fait
sentir en plein contrôle de tout, et c'est extrêmement
satisfaisant. Je me suis souvent retrouvé à faire une
pause de quelques secondes après une séquence de
platforming stressante pour me dire ouf, wow! Non
seulement on peut sauter, mais on peut aussi regarder
dans toutes les directions en maintenant la touche
triangle enfoncée. Je dirais que côté contrôles, c'est
sans doute le FPS qui se manie le mieux sur PlayStation.
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Chaque séquence de
platforming qui semble laborieuse ne l'est pas
grâce aux bons contrôles. |
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Notre arsenal d'armes est
composé d'une machette, un petit fusil, une mitraillette
(M-60 Machine Gun), un lance-flamme, des bombes, et
quelques autres un peu plus fantaisistes.
Malheureusement, je me retrouve presque toujours à
utiliser la mitraillette qui est sans doute l'arme la
plus pratique. J'utilise les autres pour les ennemis
plus coriaces ou quand je n'ai plus de munitions pour la
mitraillette. On gagne des munitions simplement en
amassant des orbes bleus que les ennemis laissent
tomber, ils sont bons pour n'importe quelle arme qu'on a
d'équipée. Les orbes rouges régénèrent notre vie, bien
simple! Tirer et viser les ennemis est satisfaisant,
mais ce n'est certainement pas l'atout principal du jeu.
C'est probablement pour cette raison que, comme FPS,
PowerSlave n'a pas toujours obtenu de bonnes cotes
auprès de certains critiques qui n'ont pas accepté qu'il
soit différent.
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La mitraillette est
mon arme préférée, mais contre les boss, il
faudra varier nos armes, car ils en prennent des
coups! |
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Et parlant des critiques, ce
qui me frappe le plus, c'est de voir à quel point ce jeu
a été ignoré par les gens. J'ai lu la critique de Jeff
Greatsman sur
Gamespot qui est tout simplement gênante,
comme quoi dans le temps, pour lui, tous les FPS
devaient être faits dans le même moule et basés
uniquement sur le "shooting" pour être bons. PowerSlave
est un FPS-Adventure qui fait exactement ce que Metroid
Prime est reconnu pour avoir popularisé, et ce, six ans
plus tôt. Même la page sur les First-person adventure de
Wikipedia n'inclut pas PowerSlave dans sa liste en ce
moment. Ce jeu fut pour moi une révélation et il mérite
beaucoup plus de crédit pour les innovations qu'il a
apporté au genre.
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Ici on voit le Ring
of Ra en action. Il permet de lancer plusieurs
boules de feu qui ricochent partout, et ça ne
consomme pas beaucoup de munitions. |
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Est-ce que PowerSlave a des
défauts? Évidemment qu'il n'est pas parfait, mais ses
défauts sont bien mineurs. J'aurais préféré quelques
ennemis un peu plus mémorables que les petits scorpions
et les "bébittes" volantes qu'on retrouve pratiquement
partout. Aussi, lorsqu'on manque de munitions, notre
arme change automatiquement pour le petit fusil, ce qui
peut être drôlement incommodant dans une situation
drastique où cette arme est juste trop faible, et le
temps de changer pour une meilleure, on est mort! Sinon,
les autres petits problèmes ne sont pas assez importants
pour entrer dans les détails.
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Trouver toutes ces
petites poupées secrètes sera tout un défi sans
aide, mais heureusement, c'est totalement
optionnel. |
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Avant de terminer ma
critique, je dois parler des fameuses "Team Doll"! Ce
sont des petites poupées à l'effigie des développeurs
qui sont cachées à travers le jeu, et si vous en
ramassez un certain nombre, débloquent des bonus fort
intéressants. La seule chose qui me chicote, c'est que
sur un total de 23, je n'en ai trouvé que deux ou trois!
Pourtant, j'ai fouillé et fouillé les tableaux au point
où je croyais les connaitre par coeur. C'est un truc
totalement optionnel, mais qui ajoute de la rejouabilité
et qui démontre comme quoi, les tableaux de PowerSlave
sont vraiment remplis de surprises.
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Une fois chargée,
la Sacred Manacle est l'arme la plus
dévastatrice du jeu! |
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Lobotomy Software, qui avait
auparavant fait un travail remarquable en portant Duke
Nukem 3D sur Saturn, nous offre en PowerSlave une pièce
d'histoire qui n'a jamais été appréciée à sa juste
valeur. Tout est merveilleusement balancé dans ce jeu,
et le sentiment de progression est hautement
satisfaisant du début à la fin pour offrir une
expérience mémorable. C'est un FPS qui risque de plaire
même à ceux qui n'aiment pas normalement les FPS. C'est
un des jeux les plus importants que j'ai découverts ces
dernières années, et il représente parfaitement la
raison pour laquelle j'aime autant découvrir des jeux
moins connus, car certains s’avèrent être de véritables
trésors.
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