Je ne sais pas si c'est
l'annonce d'un Evil Dead 4 avec Bruce Campbell qui m'a
motivé à ressortir Hail to the King que j'avais déjà
terminé sur Dreamcast il y a quelques années, mais je
suis passé à travers ce jeu à nouveau sur PlayStation. C'est le premier jeu de la compagnie Heavy Iron Studios
qui n'ont par la suite que développer des jeux licenciés
comme The Incredibles, Spongebob, Disney's Ratatouille,
Family Guy, bref, rien de bien excitant pour la plupart
d'entre nous. J'ai lu beaucoup de commentaires négatifs
envers Hail to the King, et non sans raison. Mais malgré
tout ses défauts, il a quand même réussi une chose pour
moi, et c'est de me faire sentir dans les films d'Evil
Dead.
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Evil Dead: Hail to
the King nous ramène à la source de l'horreur. |
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Pour porter Evil Dead en jeu
vidéo, Heavy Iron Studios ont opté pour le genre
Survival Horror avec environnements fixes et tank
controls. Je trouve que ce genre colle bien à Evil Dead.
De plus, ça permet de recréer avec plus de détails les
environnements des films et offrir des angles de caméras
"angoissants" comme on voyait parfois dans les films.
Pour créer une atmosphère plus lugubre et moins statique,
des FMV sont souvent utilisés dans les décors afin
d'animer certains éléments comme des branches d'arbre,
des effets d'ombre, ou du brouillard à l'horizon. Un
concept qui rappelle un peu celui du jeu Fear Effect.
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L'effet de la
tronçonneuse ensanglantée qui dégoute partout
est vraiment cool. Au moins, ça la tient bien
huilée. |
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L'histoire se déroule huit ans après Army of Darkness.
Ash a retrouvé son emploi chez S-Mart où il a rencontré
sa petite amie Jenny. Tout va pour le mieux si ce
n'était pas des cauchemars qui reviennent souvent le
hanter. Afin de chasser ses démons, Jenny a la brillante
idée de retourner avec lui dans la petite cabane dans
les bois où tout a commencé. Évidemment, les choses
tournent mal lorsque la main possédée d'Ash vient
activer l'enregistrement du docteur Knowby où il lit un
passage du Necronomicon qui réveille les esprits
maléfiques. Jenny se fait enlever, et l'histoire
commence... Oh nooo, not again! se dit Ash. Ce
dernier va tenter de retrouver les pages manquantes du
Necronomicon pour espérer trouver un moyen de chasser
les esprits maléfiques une fois pour toutes.
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Je me demande comment Ash est revenu à la petite
cabane si le seul chemin pour s'y rendre était
ce
pont qui est toujours détruit? Après Tomb
Raider logic, voici Evil Dead
logic... |
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Même si le jeu se veut une
suite aux films, il est plutôt un prétexte pour nous
mettre dans la peau de Ash afin de revisiter la plupart
des endroits mémorables des films. Plusieurs scènes sont
très similaires comme le double de Ash qui sort du
miroir, Ash qui attache la tronçonneuse à sa main, ou
quand il est aspiré dans le vortex qui le mènera à
l'époque médiévale. Plusieurs lignes sont aussi reprises
ou légèrement modifiées. On se rend compte que la
continuité est loin d’avoir du sens avec les films. Je
crois qu'il ne faut pas prendre tout ça trop au sérieux.
De toute façon, les films n'ont jamais été un exemple en
terme de continuité non plus.
Bruce Campbell reprend son rôle de l’anti-hero Ash
Williams en prêtant sa voix au personnage. Et je
n'exagère pas en disant que sans lui, le jeu ne serait
pas le même. Dès qu'on entend sa voix, on se sent
immédiatement dans Evil Dead. Même si le modèle 3D d'Ash
n'est pas des plus réussis dans les FMV (c'est mieux
dans le jeu lui-même), les lignes de dialogues sont
plutôt bonnes et on reconnait la personnalité et le
tempérament du personnage à travers la voix de Campbell.
Un peu comme les films, le jeu s'ouvre sur une narration
où Ash nous explique ce qu'est le livre des morts (Necronomicon)
et ce qui s'est passé avant d'en arriver là. Juste la
voix de Campbell vaut le prix du jeu à elle seule.
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Les arbres ont
toujours été un problème. Ash est mieux de le
tuer s'il ne veut pas se faire vio... oups!
J'aime mieux ne pas y penser. |
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Malheureusement, après la petite intro plutôt réussie
qui m'a donné quelques frissons, le premier contact avec
le jeu est plutôt laborieux. On note rapidement que ce
ne sera pas la grosse production à tout casser. Le tout semble un peu "bas de gamme" et "lousse". Par contre, au
niveau des environnements, ce n'est vraiment pas mal. On
reconnait bien les emplacements des films. Les décors
capturent bien l'atmosphère d'Evil Dead, que ce soit les
arbres étranges, le brouillard, la teinte de couleurs,
ou même certains angles de caméra. L'ambiance est
définitivement là. Le petit côté "bas de gamme" convient
presque bien pour les environnements, ça leur donne un
petit côté plus "sale" et plus "horreur". Un peu comme
le premier film qui était à petit budget. Par contre,
c'est au niveau des contrôles où ça se gâte royalement...
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La tronçonneuse est
l'arme la plus utile, tant qu'on a du gaz pour
la faire marcher. |
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Ash peut attaquer avec deux armes à la fois. Il a sa
tronçonneuse liée à son bras droit, et dans le gauche,
il peut équiper une arme secondaire comme une hache, un
handgun, un shotgun, ou un rifle. Là où le côté
"survival" entre en jeu, c'est que la tronçonneuse a
besoin de gaz pour fonctionner efficacement, et
croyez-moi, vous en aurez besoin. Avec la touche R2, si
on a du gaz, on peut allumer la tronçonneuse et causer
beaucoup plus de dommage aux ennemis. Si vous n'avez pas
de gaz, il est toujours possible d'attaquer avec la
tronçonneuse en donnant des coups, mais c'est beaucoup
moins efficace. En tout temps vous pouvez attaquer en
combo avec votre arme secondaire.
À l'aide de la touche
Triangle, Ash peut lancer des one-liners cools comme "come
get some"", "who wants a little"?" pour
intimider ou défier les ennemis qui prendront parfois la
fuite. Les one-liners auraient pu
ajouter un aspect défoulant, mais le système de combat
n'est aucunement satisfaisant pour aller avec.
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Je crois qu'Annie
n'est pas contente qu'on l'ait laissée dans la
cave si longtemps. Elle revêt sa plus belle
forme pour l'occassion. |
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Car même si le système de combat a l'air cool en théorie, en
pratique ce l'est moins. C'est difficile d'attaquer les
ennemis sans recevoir presque autant de dommage qu'on en
donne. Certains ennemis ne cessent de revenir
constamment et ont la fâcheuse habitude d'apparaitre
droit devant nous pour nous bloquer le chemin. La
plupart ont une longue portée et peuvent nous attaquer
avant qu'on ait le temps de s'éloigner. Sans oublier
qu'ils nous poursuivent sans relâche. Tout ça fait en
sorte qu'on doit presque uniquement compter sur nos
objets de guérison afin de survivre plutôt que sur un
gameplay solide et minutieux. Le système de combat est à
la limite brisé et peut être très frustrant.
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La plupart du
temps, c'est BIENNN mieux de fuir, croyez-moi. |
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Mais heureusement, les développeurs semblaient
conscients que leur système de combat n'était pas tout à
fait au point, alors pour compenser, on nous offre
fréquemment des objets pour se guérir. Souvent, ce sont
des medpack que les ennemis laissent tomber ou des
aliments qu'on trouve dans les décors. Une autre façon
un peu spéciale d'avoir de la médecine (pour Evil Dead
du moins), c'est de ramasser des champignons qui vont
apparaitre de façon aléatoire dans les environnements.
On peut transformer les champignons blancs en médecine
et les rouges en gaz dans le menu. Ça semble étrange au
début, mais quand on y pense, ce n'est pas si bête.
C'est certainement plus logique que de trouver des
medpack ou des canisses de gaz un peu partout dans la
forêt ou dans un château médiéval.
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J'aime bien la
Hellbilly house qui est une sorte d'abattoir
appartenant à une famille de redneck. Ça me
rappelle un peu Texas Chainsaw Massacre. |
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Probablement par manque de matériel, les développeurs
ont pris certaines libertés en créant de nouveaux
environnements et ennemis. On apprend entre autres qu'à
quelques minutes de marche de la cabane supposément
isolée, se trouve un terrain de camping avec des tentes,
un champ de tir à l'arc, une grande maison habitée par
une famille étrange (Hellbilly house), et même une
église. Et parlant de l'église, la cave est connectée
directement avec celle de la cabane. Parfois, ça peut donner l'impression qu'on est sur un
terrain de camping comme Friday the 13th plutôt qu'au
milieu des bois tellement le tout semble rapproché. Les
nouveaux ennemis sont un peu bizarres, comme les petits scouts
zombifiés et ceux qui tirent à l'arc, ou des genres de
Gremlins qu'on retrouve un peu plus tard dans le jeu.
Même si ça risque de fâcher les
puristes, les nouveaux environnements sont quand même
pas mal et s'agencent bien avec le reste. J'ai bien aimé
la Hellbilly house et l'idée du labyrinthe dans les
bois.
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C'est bon de
revisiter une époque médiévale comme dans le
troisième film. Encore une fois, les décors
captent bien l'atmosphère. |
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Le jeu n'est pas bien long et plutôt petit. Le finir
prend moins de quatre heures, même la première fois
qu'on y joue. Les quelques puzzles présents sont
vraiment faciles, et une fois qu'on a surmonté la courbe
de difficulté du début, le jeu semble devenir de plus en
plus facile plus on avance. Malheureusement, pas de fin
multiples ou de bonus pour l'avoir complété. Au moins, la
cinématique de fin était vraiment satisfaisante et digne d'un vrai film
d'Evil Dead.
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Un peu plus tard,
on va pouvoir upgrader nos armes. Ici, la
tronçonneuse est devenue un énorme couteau à
pizza. |
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Une chose est sure, si vous passez par dessus le système
de combat archaïque, Hail to the King a du bon à offrir.
Il réussit bien à capter l'essence des trois films. Il a
le côté macabre et isolé du premier, l'humour noir et la
folie du deuxième, et les one-liners du troisième.
Revisiter des endroits comme la petite cabane, le pont
détruit, la forêt brumeuse, et l'époque médiévale, tout
en regardant quelques cinématiques cheaps avec la voix
de Bruce Campbell était vraiment cool. Même si A Fistful
of Boomstick et Regeneration sont techniquement de
meilleurs jeux, j'ai toujours préféré Hail to the King
car c'est le seul qui me ramène dans l'atmosphère des
vieux Evil Dead. C'est peut-être même un classique culte
à en devenir, autant pour les bonnes que les mauvaises
raisons.
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